mardi 29 octobre 2024

Pourquoi il faut revoir "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain" ?

Parce que ce métrage est bien plus que tout ce que l'on peut dire de lui, c'est un vrai conte moderne, une ode à la rêverie, une célébration de l'ordinaire et une invitation à embrasser la singularité.

Parce que, par sa mise en scène virtuose, Jean-Pierre Jeunet nous offre un univers visuel enchanteur qui nous crée un Paris féerique, onirique, fantasmé avec ses couleurs pastels, ses jeux de lumière et ses petits détails si minutieux. Le tout contribuant à transporter le spectateur ailleurs, dans un monde à part - dans une bulle.

L'histoire de ce film, si touchante, dans laquelle on suit le personnage d'Amélie, jeune femme solitaire qui choisit de faire le bonheur des autres en sacrifiant le sien, émeut le public. Parce que ce film est une quête de sens intérieur, doublé d'une réflexion sur l'idée du bonheur et la fuite du temps.
A travers l'évolution du personnage d'Amélie, se dégage une grande émotion ainsi qu'une vérité. Ce qui nous la rend si attachante, si pleine de charme.

 
Il ne faut pas non plus oublier tous les personnages secondaires, tous plus hauts en couleurs les uns que les autres.
De même que serait le film sans l'excellente musique composée par Yann Tiersen, qui joue ici un grand rôle en portant le film, par sa poésie, sa mélancolie envoûtante, la mélodie fait mouche et crée une atmosphère où l'on se sent bien.

Bien sur, nous sommes aussi dans un film de Jean-Pierre Jeunet et l'humour décalé, déjanté, apporte sa touche de légèreté, sans jamais alourdir l’œuvre.

On peut certes trouver les personnages trop idéalisés, voire stéréotypés, de même l'univers trop parfait et déconnecté du réel. Ce serait toutefois oublier la raison d'être de ce film ; en effet il s'agit d'une fable. Et dans les fables, tout peut arriver...

Il y a, cependant, un problème de rythme. Un début de film parfaitement réussi contraste avec de trop longues pauses, notamment dans les scènes contemplatives.

On peut aussi juger ce film trop mièvre. Mais c'est parce que ce film est justement une bulle de bons sentiments. Et parfois, on en a besoin. Ce film fait office de réconfort, de cocon, ce film est une parenthèse. Certains peuvent en avoir besoin, d'autres pas, cela dépend de sa sensibilité.

En conclusion, je dirais que ce film reste, pour moi, une oeuvre majeure du cinéma français qui, en son temps du moins, aura su toucher le coeur de son public. Par son mélange de poésie, de mélancolie, d'émotion, d'humour et de romantisme. Il est une belle fable enchantée, capable de nous faire rêver. Et Dieu sait que, en ces temps difficiles, nous avons parfois besoin de faire une pause et de rêver.
Alors, oui, on pourra bien lui reprocher bien des choses mais il présente toutes les qualités, indéniables, pour en faire un vrai conte moderne.
Il reste un monument incontournable du patrimoine cinématographique français.

Note : 8/10

 

lundi 7 octobre 2024

Pourquoi faut-il 're)voir "Major Dundee" de Sam Peckinpah ?

 
Parce que "Major Dundee", western américain réalisé par Sam Peckinpah en 1965, est un film brut et complexe et qu'il marque un tournant dans le genre.

Loin des clichés du genre, celui-ci nous offre une vision sombre et réaliste de la violence, de la guerre et de la condition humaine.
L'intrigue du film est complexe et déroutante à la fois.
On suit les aventures d'un pur héros américain, le Major Dundee, un officier nordiste en disgrâce, qui, à la tête d'une troupe hétéroclite, décide de poursuivre une bande d'Apaches ayant attaqué un fort. Cette traque se mue alors en une odyssée violente et une course folle à travers le désert.

Et chose assez remarquable et peu banale dans un western de cette époque, les personnages ne sont pas manichéens. D'un côté, on a le Major Dundee, officier tourmenté et troublé par ses erreurs passées ; sous ses ordres, des marginaux, d'anciens déserteurs et des prisonniers, chacun portant ses propres démons.
En face, les Apaches, présentés, non pas comme des ennemis, mais comme des victimes d'une farouche colonisation et qui cherchent seulement à défendre leur territoire.

Autre fait notable, nous ne sommes pas ici dans un John Wayne et il n'y aucune glorification de la guerre. Au contraire, le film nous montre, et souvent de manière brute et sans fard, surtout dans sa version intégrale non censurée, toutes les horreurs des combats, de même que l'absurdité de la violence et la dégradation psychologique des hommes.
La poursuite des Apaches devient ainsi une métaphore de la guerre de Sécession elle-même, voire, si l'on veut aller plus loin, du conflit entre les États-Unis et le Nord-Vietnam qui avait lieu la même année que la sortie du film.
Ce film montre que toute guerre est une lutte sans fin qui n'a ni vainqueur ni vaincu.

Dans sa forme, le style Sam Peckinph, réalisateur connu pour ses scènes à la violence graphique très forte, ne fait pas exception à la règle. Les combats sont d'une grande brutalité, voire d'une férocité intense, montrant la souffrance et la mort comme jamais elles avaient été montrées auparavant.
Mais la violence n'est jamais gratuite. Elle sert ici de catharsis, à exprimer la frustration, la colère, et la désespérance des personnages. Elle est aussi une manière de confronter le spectateur à la réalité de la guerre.
Autre point sur lequel insister concernant la beauté visuelle : la photographie.
Celle-ci, signée Lucien Ballard, contribue à apporter au film une atmosphère sombre et désespérée. La mise en valeur des paysages désertiques arides renforcent le sentiment d'isolement des personnages.

Le western est ici déconstruit de ses codes traditionnels.
Le héros est tourmenté, violent, et souvent incompris.
Et le film se termine sur une note d’ambiguïté, laissant le spectateur libre d'interpréter la fin à sa guise.

"Major Dundee" est un western qui a eu une influence considérable sur le genre, mais aussi sur le cinéma d'une manière générale. Il a ouvert la voie à toute une nouvelle génération de réalisateurs qui ont cherché à déconstruire les clichés du genre, inspirant ainsi de nouveaux talents tels Sergio Leone ou Clint Eastwood.

Les "Bérets Verts" : propagande pro-guerre assumée ou banal film de guerre ?

  Voilà un film qui suscite pas mal de réflexions. Réalisé en 1968 par John Wayne, qui en est aussi l'acteur principal, ce long métrage ...