mardi 11 juillet 2023

36, Quai des Orfèvres - O. MARCHAL (2004)

Les règles dans la police peuvent-elles être bafouées pour parvenir à ses fins en toute impunité ? Il y a dans les films d'Olivier Marchal - ancien flic lui-même - toujours un questionnement sur nos institutions judiciaires, tant sur le système que sur les hommes. Surtout les hommes. C'est caméra à l'épaule, à hauteur d'homme, que Marchal nous raconte ses histoires.

Dans celle-ci, c'est un duel qui se joue entre deux monstres sacrés de la B.R.I au 36, Quai des Orfèvres, adresse ô combien mythique. En effet, depuis plusieurs mois, en plein coeur de Paris, un gang de braqueurs opère en toute impunité avec une violence inouïe. Les consignes données à ses deux meilleurs lieutenants : Léo Vrinks (Daniel Auteuil) et Denis Klein (Gérard Depardieu) par le directeur de la P.J Robert Mancini (André Dussolier) ont été claires : celui qui fera tomber ce gang le remplacera à son poste de "grand patron" du 36. Commence alors une lutte ouverte entre deux géants, hier amis, aujourd'hui  que tout sépare : leurs vies, leurs méthodes, leurs équipes et une femme : Camille Vrinks (Valéria Golino).

Film fort et puissant, ponctué par la sourde et oppressante musique de Erwann Kermorvant, nous sommes, dès les premières images, confronté à la tragédie qui saute à nos yeux : l'un des deux est tombé et n'a plus que ses yeux pour pleurer sur son sort dans sa cellule de prison. Alors, nous remontons le temps pour découvrir le fil de l'histoire.

Peu importe si le film commence par la fin, en quelque sorte, puisque l'intérêt n'est pas là mais dans l'affrontement qui va s'étaler sous nos yeux. Comme un duel entre deux hommes, aux méthodes radicalement opposées. Deux hommes qui, au mépris des règles qu'ils sont sensés défendre, les bafouent pour parvenir à leurs fins. Rien de moins que la question du pouvoir qui est posée.

Il y a beaucoup de scènes dures et déchirantes. C'est un film sans compassion ni concession. Rédemption zéro. On le sait d'emblée : l'un des deux restera debout ; mais les deux, au bout du compte, finiront par tomber. L'histoire s'articule comme une tragédie grecque mixée avec un western de la période crépusculaire, bien que l'inspiration du réalisateur soit plutôt à rechercher dans Heat. Et c'est vrai que l'on imagine bien Depardieu dans le rôle de Robert De Niro. Même l'affiche fait songer au film de Michael Mann.

A mes yeux, très certainement le meilleur film d'Olivier Marchal. Un très bon polar ; à la fois viril et ténébreux. Il vous tient en haleine et l'on ne décroche pas durant les 1 h 46 que dure ce métrage. 

Le tout au cœur de la plus prestigieuse institution judiciaire de France. Mais derrière la légende dorée sommeille une cruelle arène où les coups les plus bas et les plus vils sont autorisés.

 
 
 


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