dimanche 29 janvier 2023

TERMINATOR (1984) - de James Cameron.


Ce film de science-fiction, réalisé en 1984 par un tout jeune réalisateur alors, James Cameron, est resté dans les mémoires pour ses images marquantes et ses scènes mémorables mais surtout pour la vision très pessimiste qu'il nous donne du futur et cela commence dès l'introduction pré-générique avec cette scène de guerre où des machines sont en train d'exterminer des humains.Cette vision très sombre de notre avenir donne d'emblée le ton et le spectateur sait à quoi il devra s'en tenir. On ne lui épargnera rien et la sentence sera sans appel : nous sommes condamnés. 

1984 : l'Amérique vient alors de réélire Ronald Reagan pour la seconde fois. L'Amérique retrouve la confiance et la croissance. Mais en laissant une masse d'oubliés dormir dans les ruelles de ses grandes métropoles et une menace d'un affrontement Est-Ouest qui n'aura jamais été si présent. C'est en cela que s'ouvre d'ailleurs le film "Terminator" : goûtez bien à vos jours heureux car un futur plus ou moins proche - 2029, c'est presque "demain" - vous attend. La cause ? Votre passion immodérée pour le "tout-machines" et cette informatique qui prend de plus en plus de place dans vos vies au point que vous en deveniez les esclaves. Cela ne peut que nous mener à la guerre ; guerre qui finira par nous conduire à l'extermination.

Car la bataille finale n'aura pas lieu dans le futur mais dans le présent. En fin de compte, Cameron nous laisse pointer encore un soupçon d'espoir, celui de se battre contre les vieux démons qui hantent l'Amérique et qu'incarne le Terminator, ce cyborg parfait, quasiment indestructible et qui ne s'arrêtera jamais à moins d'avoir accompli sa mission.



Sa mission : éliminer une "Sarah Connor", la mère courageuse de John Connor, chef de la résistance dans le futur. Pour la protéger : Kyle Reese, qui se sacrifie en "traversant le temps" et retrouver ainsi celle dont il était tombé amoureux sur une simple photographie jaunie. La correspondance est parfaitement évidente ici avec la quête du père, thème récurent dans l’œuvre de Cameron, dont on peut rapprocher les initiales de son nom de celles de John Connor. Il y a dans ce film la quête du père absent, celui qu'on s'imagine et pour compenser cette absence une idéalisation de la mère parfaite, courageuse, forte et qui protège son enfant, le fruit de sa chair. Certains y verront aussi dans la relation Sarah Connor / Kyle Reese une analogie avec la "sainte famille". John Connor devenant ainsi le Christ des templs apocalyptiques et Sarah la Madone, fragile au début mais forte et solide à terme. 

La venue de Kyle Reese dans notre temps, jeté tel un paquet de linge sale en position fœtale, nous incline à penser que sa "naissance" (ou re-naissance) a quelque chose de miraculeux. Il est venu pour apporter la graine qui permettra à la Mère de sauver le futur. 

Que veut nous dire Cameron dans son film ? Que si l'avenir peut nous sembler sombre et angoissant il n'est nullement inscrit dans le marbre et peut être modifié. Que tout peut être changé. Par force de combat, de lutte, animé par l'envie et l'espoir. "Terminator", au final, n'est pas si pessimiste que son ton et son ambiance générale nous le laisse supposer. Et il se termine par un dernier plan qui ouvre à de nombreuses pistes de réflexion. "La tempête arrive" ; "Je sais" répond Sarah, prête à reprendre la route, déterminé à protéger l'enfant qu'elle porte dans son ventre et qui, un jour, sauvera le monde et l'humanité. Des milliers de Sarah Connor, à cette époque, portaient elles aussi le John Connor du futur. Ces nouvelles générations sur lesquelles reposait l'espoir de construire un avenir meilleur. Il va de soi que ce film n'a peut-être pas répondu à sa promesse au vu de ce que l'humanité fait aujourd'hui de la planète. Mais il n'est toutefois pas inutile de penser que, parmi toutes les graines qui ont été plantées par le passé et qui seront plantées encore dans l'avenir, sortira un "sauveur" qui saura nous mener vers de meilleurs pâturages. Ce qui fait l'humain, par opposition à la machine, c'est qu'il n'est pas une machine justement et qu'il a la possibilité d'espérer et de rendre le futur meilleur. A condition qu'il soit animé par une farouche envie de lutter et de croire à la vie.

Puisse "Terminator" continuer à nous donner matière à penser pour les temps futurs. Et que sa sombre prophétie ne s'accomplisse jamais.

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