lundi 17 octobre 2022

 Simone, le voyage du siècle

Olivier DAHAN (2022) - Drame - 2 h 20.

Nous connaissons tous la vie et les engagements de cette femme exceptionnelle, pleine de convictions, qu'était Simone Veil. Elle était déjà rentrée dans l'histoire en tant que survivante de l'Holocauste, pacifiste et Européenne convaincue, militante ardente pour le droit et la dignité des femmes, notamment dans le domaine de l'avortement qui fut l'un de ses plus grands combats. Il ne manquait alors qu'un film - un long métrage - pour lui rendre hommage et préserver sur la pellicule une trace de son existence, fût elle jouée par des actrices de qualité, afin de permettre aux générations futures de continuer à perpétuer son héritage.
Remarquable Elsa Zylberstein campant ainsi une Simone Veil presque authentique, dans un rôle de composition où elle s'est totalement investie. Elle laisse apparaître une Simone plus vraie que nature, dans toutes ses qualités, ses doutes, sa ténacité et sa lutte contre les préjugés de toutes sortes, sans jamais faillir, toujours fidèle à la vérité et dans un seul souci de la dignité de l'humain.
Tel fut Simone Veil.
Femme d'exception, femme remarquable. Femme dans toute sa splendeur que retranscrit parfaitement ce film où l'on navigue dans ses souvenirs comme dans un labyrinthe où tout se mêle, s'entrecroise, comme un mille-feuilles. Mais où tout prend sens, une mémoire en appelant une autre. Brillamment interprété par un duo de comédiennes extraordinaires (Elsa Zylberstein et Rebecca Madder) et agréablement servi par une mise en scène soignée, ce film est un chef-d'oeuvre à la hauteur de cette grande dame. Il est ce que devrait être un biopic aujourd'hui. Se concentrant sur les faits, nous faisant réfléchir, penser, en même temps que les images viennent nous frapper de plein fouet parfois jusqu'à la nausée et l'écœurement, nous bouleversant dans nos propres certitudes. Parfois, nos yeux se rempliront de larmes, nous laissant gagner à une profonde tristesse car à moins de manquer d'humanité, nous ne pouvons rester insensibles quant à certains combats que mena Simone Veil au cours de sa carrière. Le droit à l'avortement, bien sur, mais aussi sa lutte pour obtenir des conditions dignes aux prisonniers, ses engagements pour une Europe de paix, elle qui avait traversé les pires horreurs de la guerre. Mais aussi son combat pour la mémoire, contre l'oubli, pour que les générations futures savent et continuent à leur manière de résister. Ce film est une œuvre de combat mettant en son centre une combattante et une guerrière. Ses armes étant les mots et l'esprit. Simone Veil aura toujours su rester vraie, recherchant toujours elle-même la vérité au mensonge, laissant celui-ci l'apanage des médias et des politiciens. 
Car Simone Veil n'était pas une politicienne. Mais elle avait la vocation de mettre un terme aux souffrance des hommes (et des femmes, bien sur) - de l'humanité au sens large - en se posant comme juriste, tout d'abord, puis comme militante avec toujours, en son coeur, le souvenir douloureux de sa propre expérience dans les camps de la mort où elle avait expérimenté dans sa chair ce rabaissement auquel elle fut soumise. 
C'est donc un film fort que nous offre ici Olivier Dahan. Un film testament. A travers l'exemple de cette dame, c'est un exemple. Un exemple pour peut-être des milliers de jeunes qui iront voir ce film. A un moment de notre histoire où malheureusement ces combats ne sont plus que jamais encore d'actualité car remis en cause par des imbéciles. 
Ce film contribue à lui seul au devoir de mémoire. Et c'est un rappel de certaines valeurs, de certains fondamentaux que nous sommes amenés à défendre, comme Simone Veil en son temps. 
Puisse ce film susciter à nouveau des vocations.







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