En 1971, le réalisateur André Cayatte signe un film qui a profondément marqué le cinéma français, inspiré d'une histoire vraie ; un drame romantique qui a suscité un vif débat dans la société sur les questions de l'amour et de la morale.
Ce film, c'est "Mourir d'Aimer", l'histoire d'une professeure de lettres, Danièle, et de l'un de ses élèves, Gérard, qui vivent entre eux un amour passionné qui nait dans le contexte bouillonnant de Mai 68 et les confronte à l'incompréhension, au jugement des autres et à la répression. Cayatte saisit avec justesse l'atmosphère de cette période où les valeurs traditionnelles sont remises en questions et où les tabous sont défiés.
L'actrice Annie Girardot nous livre ici une performance exceptionnelle interprétant le rôle de Danièle de manière à la fois complexe et nuancée, livrant le portrait d'une femme amoureuse, engagée et désemparée. C'est bouleversant. On perçoit dans son jeu à la fois la passion dévorante et la douleur d'une femme prise au piège des conventions sociales de son époque.
La mise en scène d'André Cayatte n'a rien d'exceptionnel. Elle est classique mais efficace. Mais il parvient grâce à des plans serrés sur les visages des acteurs à faire ressortir toutes les émotions des personnages et par des mouvements de caméra lents à souligner la tension dramatique de cette histoire. Le choix aussi de filmer dans des couleurs ternes contribue à créer une atmosphère pesante et oppressante.
Comme le fait divers d'où il a été tiré, "Mourir d’aimer" est un film qui a profondément divisé le public à sa sortie. Certains ont salué le courage du réalisateur d'aborder un sujet aussi délicat alors que d'autres ont critiqué le traitement trop manichéen de certains personnages et l'aspect mélodramatique de cette histoire.
Ce film dépasse le simple cadre d'une histoire d'amour interdite. Il pose des questions fondamentales sur la notion de liberté individuelle. Sorti un an après la mort du général De Gaulle, il critique les conventions et normes sociales de la société française "embourgeoisée" et coincée dans ses propres préjugés. Il amène enfin la question de la place de la femme dans la société moderne. En ce sens, il s'agit là d'une œuvre engagée et qui invite à la réflexion.
Pour un spectateur d'aujourd'hui, en 2024, regarder "Mourir d'aimer" peut sembler un peu daté. Toutefois, l'universalité des thèmes abordés en fait encore un film contemporain de notre époque. Notamment concernant la critique de l'hypocrisie sociale, ainsi que la rigidité de certains mœurs, car si la société a changé certaines inégalités et certaines formes de jugement persistent. De plus, le film pose la question de la liberté de choix et la capacité de s'affranchir des normes sociales, ces interrogations qui sont toujours d'actualité, même si les normes ont évolué.
En conclusion, "Mourir d'aimer" est un film qui porte en lui les marques de son époque, mais qui continue de susciter l'émotion et la réflexion. Il nous rappelle que certaines questions fondamentales concernant l'amour, la liberté et la place de la femme dans la société restent d'actualité. Et ce, malgré un aspect daté sur certains aspects. Pour cela, il trouve toujours son sens à être regardé en 2024, mais il est important de l'aborder avec un regard contemporain, en tenant compte des évolutions sociales et culturelles. Il peut toutefois nous donner l'occasion de réfléchir sur notre propre société et sur les défis auxquels nous sommes confrontés.
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